Qu’on se le dise, le cycliste est en danger, le cycliste met en danger ! Et qui fait mine d’aimer bien, châtie bien ! Une double page parue dans le dernier numéro du bulletin municipal de Charnay-les-Mâcon en dit long sur une vision dépassée et surtout erronée du cyclisme urbain que certains cultivent encore, hélas, aujourd’hui.

L’article en double page paru dans le bulletin municipal de Charnay-les-Mâcon (N°5, automne 2021, consultable ici) nous laisse un goût amer…

Certes, Mâcon Vélo en Ville est tout à fait d’accord sur le fait que les cyclistes doivent être bien équipés pour faire du vélo et qu’il y a des règles à respecter pour un partage respectueux et sécurisé de la rue.

Mais quel choc de voir que la charge est ici entièrement portée par le cycliste ! C’est au cycliste de faire attention ! C’est le cycliste qui est irrespectueux ! Finalement l’article laisse supposer que si un cycliste a un accident c’est de sa faute ! On lit qu’il nous faut tous « relever le défi collectif d’une mobilité autrement ». Comment peut-on penser qu’un tel article suscite des vocations de déplacements à vélo ?

La première page, après avoir rappelé en une ligne le bienfait pour l’environnement des déplacements à vélo, cible (via un schéma) l’équipement nécessaire pour circuler à bicyclette en tout sécurité.  C’est en effet important de préciser les équipements obligatoires et recommandés aux cyclistes pour être bien vus en particulier. M2v le fait très régulièrement. Mais c’est renvoyer aux seuls cyclistes la responsabilité d’assurer leur sécurité. Qu’en est-il de la responsabilité des collectivités territoriales ? lorsque les aménagements font défaut ou ne permettent pas d’assurer une connexion sécurisée au réseau routier, lorsque la signalisation est absente ou contradictoire ? Qu’en est-il de la responsabilité des automobilistes ?

Sur la deuxième page de l’article, une infographie de qualité, qui comporte malgré tout quelques erreurs ou imprécisions (cf encart), liste toutes les amendes que le cycliste incivil encourt. Le problème n’est pas cette information en tant que telle mais le fait qu’elle cible uniquement le cycliste qui apparaît comme un individu dangereux contrevenant régulièrement à la loi. Automobilistes et piétons en seraient les victimes. Quid des droits des cyclistes ? Quid des infractions commises par les automobilistes envers les piétons et les cyclistes ? Rien ! Le code de la route a évolué ces dernières années pour améliorer la sécurité des plus vulnérables face à la voiture : les piétons et les cyclistes. Mais aucune référence à ce sujet n’est faite dans l’article.

Mais gardons espoir ! Cet article est sans aucun doute le premier d’une série sur la mobilité. Ainsi dans le prochain bulletin municipal seront analysés, soyons-en sûrs les bienfaits du vélo et pas seulement pour l’environnement mais aussi pour la santé, le pouvoir d’achat, l’économie de proximité… De même que seront pointés les dangers que représentent l’automobile et les obligations qui lui sont faites de respecter les plus fragiles : piétons et cyclistes

Ainsi, concernant ce dernier point, serait-il opportun de rappeler au respect du code de la route les automobilistes :

  • qui ne respectent pas la distance de 1 mètre pour le dépassement (1.5m hors agglomération) ;
  • qui coupent la route des cyclistes dans les ronds-points ;
  • qui stationnent sur les trottoirs ou les pistes cyclables (135 euros d’amende) ;
  •  qui roulent sur les voies de bus ou de taxis ou les îlots directionnels ;
  • qui ouvrent leur portière sans regarder si il y a un vélo qui arrive, qui changent de file sans crier gare ni mettre leurs clignotants ;
  • qui ne respectent aucunement les limitations de vitesse (surtout D960 et axes périurbains) ;
  • qui s’agglutinent devant les collèges et les écoles le matin et le soir (en espérant pouvoir déposer leurs enfants directement dans la classe probablement) sans égard pour les enfants qui arrivent en vélo ou à pied (les téméraires!)…

Quelques correctifs ou précisions concernant l’article paru dans le bulletin municipal :

  1. Le gilet n’est obligatoire qu’hors agglomération et de nuit ou par manque de visibilité.
  2. Remonter la file à droite est toléré en cas d’arrêt prolongé et volontaire des automobiles. Il permet en outre au vélo de rejoindre le SAS cyclable au feu pour se mettre en sécurité.
  3. Bon nombre des infractions notées relèvent du code de la route qui s’applique aussi aux automobilistes.

On pourra consulter et se référer avec profit à la page du CEREMA, « Le code de la route évolue en faveur des piétons et des cyclistes », consultable ici.

Alors comme le dit la campagne vélo de la sécurité routière :  « attention à vélo » oui mais « attention aux vélos » aussi ! L’enjeu est un partage apaisé de la rue qui permettent à tous de « vivre ensemble » la ville.

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