Après la table ronde d’ouverture, la journée d’étude du 10 mai s’est poursuivie avec, au menu, trois sessions thématiques. J’ai choisi la session 1 : « Urbanisme cyclable : comment concevoir la ville pour le vélo ? » à laquelle participaient Charlotte Guth, cheffe de la Mission aménagements cyclables à la Direction de la voirie et des déplacements, Ville de Paris, Clotilde Imbert, directrice, Copenhagenize France et Sébastien Torro-Tokodi, responsable du suivi des politiques cyclables, ADAV Nord-Pas-de-Calais.

Cette session a permis de montrer que le coût d’une infrastructure cyclable est faible et vite amorti (5 ans) et qu’il est important de s’appuyer sur l’expertise des usagers pour faire de bons aménagements. C’est ainsi qu’à Paris, Charlotte Guth s’appuie désormais sur le ressenti des cyclistes parisiens car elle s’est rendu compte que certains aménagements n’étaient pas empruntés alors qu’ils avaient coûté à la collectivité… : les cyclistes parisiens par exemple n’apprécient pas du tout les couloirs de bus en tant que voie cyclable et les pistes mélangeant vélos et piétons. De même qu’ils trouvent que les couleurs pour identifier les pistes sont une bonne chose mais rejettent les bordures basses.

La clé du succès danois réside dans la création d’un réseau cohérent et intuitif (macro design) et dans le souci des détails qui font la différence en matière de confort et de sécurité (micro design). Pour aménager, il faut partir des besoins des usager actuels comme ceux ceux d’usagers potentiels. Se projeter vers l’avenir est donc essentiel

Un autre intérêt de cette session est d’avoir affirmét que des politiques cyclables contraignantes pour la voiture sont possibles. A Lille, un plan de circulation contraint pour l’automobile a été mis en place avec des rues interdites (panneau et potelet) et des sens uniques tête bêche qui obligent la voiture à des détours, tout cela pour un faible coût. Les réactions ont été très virulentes, en particulier de la part des commerçants, mais six mois plus tard, le gain en termes de qualité de vie a été perceptible par tous et les critiques ont disparu.

Clotilde Imbert a insisté sur l’importance des idées fausses qui circulent et qu’il nous faut détruire. Par exemple, beaucoup sont persuadés qu’il n’y a personne sur les pistes : de fait, les vélos tiennent moins de place que les voitures souvent occupées par ailleurs par un seul usager ; certains disent qu’accorder une voie supplémentaire aux voitures réglerait les problèmes de saturation alors qu’au contraire cela ne ferait qu’augmenter le trafic ; le contre sens en zone 30 serait dangereux, dit-on encore, alors que c’est parfaitement faux.
Par ailleurs, nous devons faire cause commune avec les piétons car c’est souvent à leur détriment que se créent des aménagements nouveaux alors même que ce devrait-être sur la place accordée aux automobilistes.
Enfin, on doit insister aussi sur l’importance des mesures de trafic vélo. Pour nous associations, il faut en tirer leçon en mettant en place des comptages.

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