Les élections municipales se poursuivent à Charnay lès Mâcon où un 2ème tour est organisé dimanche prochain. Mâcon vélo en ville a donc renvoyé son questionnaire « parlons vélo aux municipales » (https://municipales2020.parlons-velo.fr/) qui propose aux candidats de se positionner face à un catalogue d’actions proposées par l’association pour améliorer la place du vélo au quotidien sur la commune de Charnay mais aussi à l’échelle de MBA (Mâconnais Beaujolais Agglomération)

Le temps était compté pour répondre dans le cadre de cette campagne du 2ème tour, même si le questionnaire avait déjà été envoyé lors de la campagne du 1er tour. Nous remercions donc les quatre listes de nous avoir répondu. Une seule (« Charnay autrement ») s’est prêté au jeu de remplir le questionnaire, les trois autres faisant une réponse plus générale « ne pouvant répondre en cochant des cases » (« Servir Charnay au cœur »), ou « le trouvant complexe » et n’ayant pas « tous les éléments nécessaires à une réponse objective » (« Partageons demain »).

La mobilité active est largement présente sur les tracts des 4 listes qui semblent donc conscientes de l’enjeu de cette mobilité dans nos espaces urbains. « Tous pour Charnay » met en avant dans son document « une ville douce à vivre, qui canalise sa circulation, permette de nouveaux modes de déplacement et un partage sécurisé de l’espace public ». « De nouveaux cheminements doux permettront la mobilité en sécurité des piétons et des cyclistes » écrit « Partageons demain ». « Servir Charnay au cœur » parle, elle, d’un large plan multimodal de circulation et de partage des espaces de déplacements ». Enfin « Charnay autrement » en fait un axe majeur de son programme dans sa rubrique « écologie » ce qui explique sûrement qu’elle ait répondu au questionnaire.

Nous retiendrons que toutes les listes ont donc conscience de l’importance de cet enjeu de la mobilité, que toutes souhaitent travailler en concertation avec les usagers de la bicyclette ce dont nous ne pouvons que nous féliciter. Roland Plantier (« Partageons demain ») se dit « favorable à la concertation a priori avec les associations sur la nature des travaux à entreprendre » quand Serge Gaulias et Laurent Voisin (« Servir Charnay au cœur ») souhaitent la tenue d’une « table-ronde », lieu de « discussions (…) avec des techniciens formés, des utilisateurs engagés et des élus à l’écoute. » préalable à la mise en place de projets dans ce domaine. La liste « Charnay Autrement » conduite par Jean-Pierre Petit est favorable à la création d’un comité vélo/mobilités douces qui se réunirait régulièrement pour évoquer les questions et projets de mobilité alternatives à la voiture. Christine Robin (« Tous pour Charnay ») l’envisage d’abord à l’échelle régionale. À M2v, nous continuons de penser, fort des avancées que nous avons connu à Mâcon avec la tenue des GTCS (groupe de travail sur la circulation et le stationnement) réguliers, que seules des rencontres régulières autour de la problématique de la mobilité sont un gage d’avancées dans ce domaine.

La liste « Partageons demain » évoque dans son courriel la question des aménagements, en se prononçant pour la « création d’un maillage cohérent au niveau de l’agglomération » et en précisant que le nouveau boulevard urbain s’il voit le jour comprendra bien un cheminement réservé aux cyclistes de part et d’autre de la voie routière ». La liste « Servir Charnay au cœur » est pour un « schéma de circulation et de partage multimodal des voies « . Christine Robin, tête de liste de « Tous pour Charnay », ne « doute pas, en sa qualité de conseillère régionale, que la concertation à l’échelle de la région améliorera concrètement les déplacements quotidiens, (…) grâce à des mobilités plus faciles, moins coûteuses et plus propres », y compris à travers le volet de la politique cyclable. « Charnay autrement » est quant à elle aussi favorable à la création d’aménagements assurant la sécurité des cyclistes, mais va plus loin en soutenant notre proposition de réduction de la vitesse des automobiles, seule garantie pour nous d’un réel partage de la rue entre tous les usagers.

Enfin, la question du budget est évoquée par les deux listes « Servir Charnay au cœur » et « Partageons demain » pour justifier qu’elles ne s’engagent pas plus précisément. Quant à « Charnay autrement », à la proposition de l’élaboration d’un plan vélo financé, elle ne se prononce pas. La liste « Tous pour Charnay » n’évoque pas ce sujet.  La FUB (Fédération des usagers de la bicyclette) indique que les budgets nécessaires pour une vraie politique vélo sont entre 10 et 25 euros par habitant et par an. Au dernier recensement de l’INSEE, Charnay lès Mâcon compte 7435 habitants. On obtient donc un budget allant de 74 000 euros (10 €/habitant/an) à 186 000 euros (25 €/ habitant/an). Roland Plantier (tête de liste « Partageons demain » et actuel adjoint au maire de Charnay) doute de la possibilité d’abonder significativement le budget « mobilités douces » : « Le budget communal pour la réparation des routes, la réfection des trottoirs… est 150 000 euros/an et donc s’engager à dépenser 180 000 euros/an pour les pistes cyclables est très hypothétique ». Mais il ajoute que « 70 000 euros ont été dépensés en 2019 pour la création de cheminements doux c’est à dire pour les piétons et les vélos ».  Si la commune s’engageait déjà à flécher 70 000 euros tous les ans, ce serait une belle avancée. Il s’agit en fait de pérenniser un budget pluriannuel stable pour que les mobilités actives ne soient pas une variable d’ajustement budgétaire (on fait un petit bout de piste s’il nous reste des sous), mais soit au cœur d’un vrai projet. En ce sens la réponse de « Servir Charnay au cœur » nous inquiète : « en fonction des levées de fonds, mobilisables auprès de collectivités, sur des fléchages de projets, (cela peut changer) la physionomie de la priorité ». Or il existe des solutions financières.  L’Etat a lancé des appels à projets ciblant particulièrement les communes de notre dimension pour les aider à financer un plan vélo. Le projet de l’EPCI de Cluny a été retenu par exemple et a permis entre autres d’embaucher une chargée de mission mobilités actives.

La liste « Tous pour Charnay » insiste sur la nécessité de s’inscrire dans le cadre de la loi LOM et de sa déclinaison régionale (en cours) puis locale en particulier à l’échelle de l’intercommunalité qui est en effet autorité organisatrice de transport. Certes l’échelle intercommunale est essentielle en particulier pour ce qui concerne le problème de transit pendulaire d’automobiles sur la commune. Cela explique le fait que « Charnay autrement » soit « indécis » ou « ne s’engage pas » sur la plupart des questions concernant la MBA, comme la liste « Servir Charnay au cœur » qui précise que les décisions sont complexes à prendre dans le cadre de la MBA et de ses 39 communes. Mais la commune en tant que telle peut aussi agir en matière d’aménagements cyclables (pistes, bandes, stationnement) ou de réduction de la vitesse automobile. S’engager à porter un projet pour une mobilité cycliste renforcée ne signifie pas s’engager à ce qu’il aboutisse. Nous pouvons regretter que seule la liste « Charnay autrement » s’engage clairement dans cette démarche, par exemple en acceptant de défendre auprès de la MBA le passage de l’ex N6 de 4 voies à 2 voies.

La LOM (loi d’orientation des mobilités) ouvrant d’importantes perspectives en matière de plan vélo, espérons que la commune de Charnay, quelques soient ses élu.es, sera fer de lance au sein de la MBA lorsqu’il s’agira de l’appliquer.

L’association Mâcon vélo en ville sera à la disposition de la prochaine équipe municipale pour travailler avec elle et les services techniques et être force de propositions.

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