Une progression notable mais une commune qui n’a pas encore réalisé sa transition vers une ville cyclable.
Le ressenti global exprimé par les usagers du vélo montre une nette amélioration par rapport à la précédente enquête : + 17 %. Néanmoins Mâcon n’obtient qu’une note de D (3.62) alors que Bourg en Bresse atteint la note de A et figure en tête du baromètre pour les villes de cette catégorie. Mâcon est donc à la croisée des chemins. Pour réussir, elle doit s’emparer des enseignements de ce baromètre et construire une véritable politique cyclable. Une analyse plus détaillée montre en effet que sur tous les sujets (sécurité globale, confort des aménagements, et stationnement), les résultats restent mitigés et plutôt négatifs. Et surtout, d’enquête en enquête entre 2019 (date du 1er baromètre) et 2025, les mêmes problèmes, points noirs reviennent inlassablement.
Le plus important des points faibles est, et reste la sécurité (E, 2,80/6). Si dans les quartiers résidentiels, la circulation à vélo apparaît possible (note C), les grands axes comme la RD 906 mais aussi les rues de l’Héritan, de Flacé, la route de Bioux ou le boulevard de la Liberté sont toujours vus comme particulièrement dangereux (note F). Pas de surprise malheureusement non plus concernant les carrefours et les ronds-points (rond-point Europe, le carrefour de la rue du Vallon avec l’avenue Maréchal Juin – Marbé…). Les traverser donne le sentiment de danger (note F). A Mâcon vélo en ville nous ne sommes pas vraiment étonnés. Si la municipalité a fait quelques aménagements ponctuels bienvenus, il reste que le réseau manque de cohérence. Les aménagements ne sont pas connectés entre eux et ne constituent donc pas de vrais itinéraires sécurisés. La note E concernant les liaisons avec les communes environnantes renforce ce constat. Tant qu’il n’y aura pas de mise en œuvre d’un réseau global à l’échelle de l’agglomération, ce constat d’environnement insécure perdurera.
Et bien évidement c’est encore plus net pour les personnes âgées et les enfants. Pour les répondants à l’enquête, circuler à vélo pour ces publics vulnérables est ressenti comme très dangereux (note G). Si la mairie a installé ces dernières années des abris vélo dans les écoles primaires, cela ne suffit pas. Il faut que les parents puissent laisser leurs enfants aller à l’école à vélo. Or ce n’est pas envisageable. Là encore il faut une politique d’envergure pour sécuriser les accès aux écoles primaires mais aussi aux collèges et aux lycées.
D’autres points plus précis sont notés comme problématiques par les cyclistes : – les solutions bis lors des travaux (la ville avait pourtant fait attention ces dernières années à signaler certains travaux mais les alternatives n’étaient pas toujours sûres), l’offre de location de vélo incomplète.
Mettons l’accent sur le trafic automobile qui est vu tant en volume qu’en vitesse comme très gênant (note E). Cette note nous donne aussi une partie de la solution : réduire la vitesse et le trafic automobile permettraient de rendre la ville plus circulable à vélo mais aussi à pied. La visibilité des zones de rencontres en hyper centre est une première réponse appréciée et les premières réflexions sur les zones 30 sont à souligner. Mais à Mâcon ces zones restent confuses sans mise en œuvre spatiale cohérente. A Mâcon vélo en ville, nous militons pour une ville à 30 clairement identifiée pour tous les usagers.
Des choses bougent malgré tout et témoignent du chemin parcouru par la municipalité depuis le 1er baromètre en 2019 et la note globale de F. Et c’est peut-être sur la ville 30 que l’évolution est la plus notable. Les cyclistes notent une amélioration dans la possibilité d’emprunter une voie unique à contre sens (note C). La loi généralise depuis 2008 le contre-sens cyclable dans les zones 30 et les zones de rencontre. Mâcon met du temps à appliquer cette loi. Mais les échanges constructifs de notre association avec les élus et les techniciens ont permis de commencer à mettre en place ces contre sens, plébiscités par les cyclistes car ils évitent de longs détours et sont plus sécurisants (visibilité renforcée entre cycliste et automobiliste qui se croisent). Ces contre-sens contribuent aussi à faire diminuer la vitesse. M2V pousse à ce que toutes les rues concernées par des contre sens cyclables soient mises en conformité sans attendre (notamment autour du square de la Paix) et que les zones 30 soient étendues aux quartiers résidentiels et abords des établissements scolaires.
Les répondants au baromètre signalent aussi le peu de conflits avec les piétons (note C). On peut penser que les cyclistes considèrent les piétons comme prioritaires. Cet effet de la masse critique (beaucoup de piétons en centre-ville, sur la voie bleue, les quais…) fait qu’il est impossible de ne pas en tenir compte quand on roule à vélo sur ces axes. Enfin s’il est plutôt difficile de trouver à louer un vélo, les services vélos tels que magasin et/ou atelier de réparation, sont plutôt bien identifiés. Notre association en fait partie avec son atelier vélo participatif qui a toujours un franc succès.
De manière cohérente avec les notes obtenues sur les différents thèmes, l’effort de la ville de Mâcon en matière de politique vélo est jugé assez négativement (note E) mais en 2021 la note était de F. Nous devons reconnaître les efforts faits par la municipalité ces dernières années pour écouter les usagers et les impliquer dans les choix d’aménagement…. Et d’ailleurs la note sur ce point a augmenté passant de F à D entre 2021 et 2025. M2v est désormais régulièrement associée aux réflexions sur les aménagements et de plus en plus en amont des projets. Nous espérons le processus enclenché durablement.
Ce qui est particulièrement reproché à Mâcon est :
- une communication en faveur du vélo jugée défaillante. Et nous pouvons y associer le sentiment des répondants concernant le manque de stationnements pour les vélos. En effet cela témoigne pour nous d’un manque de dynamique pro-vélo : des stationnements sécurisés vélo sont mis en place en gare, en centre-ville mais aucune campagne de communication d’envergure ou de signalétique claire pour les indiquer.
- une prise en compte du vélo insuffisante : des automobiles stationnées sur les voies cyclables ou sur les trottoirs, des arceaux vélos occupés par des motos ou scooters… et toujours autant de places de stationnement pour les voitures.
Tous ces éléments ne favorisent pas l’utilisation du vélo.
Pour Mâcon vélo en ville, Mâcon pourra changer de braquet lorsqu’elle fera le choix d’une politique proactive en matière de vélo par l’élaboration concertée d’un schéma des mobilités actives global et cohérent. Nous ne manquerons pas d’appeler les candidats à l’élection municipale à venir se positionner sur ce sujet.





