Jean-Patrick Courtois, maire de Mâcon, et Gérard Colon, son adjoint chargé notamment de l’urbanisme et de l’organisation des déplacements, ont participé à l’Assemblée Générale de Mâcon Vélo en Ville, le 11 octobre dernier. Ils y ont annoncé des projets d’aménagement, en partie budgétés, qui méritent d’être examinés à l’aune des attentes des cyclistes urbains. En effet, les déclarations et annonces du premier magistrat et de son adjoint ont suscité notre intérêt mais aussi de l’inquiétude et de nombreuses réserves (voir la fin de l’article).

Le maire Jean-Patrick Courtois et son adjoint à l’urbanisme et aux déplacements Gérard Colon ont assisté à une partie de l’AG du 11 octobre et sont intervenus au cours de la réunion.

En préambule, Gérard Colon a redit fortement que la municipalité et MBA étaient à l’écoute des cyclistes du quotidien et avaient besoin de l’expertise de notre association pour mener à bien la politique cyclable sur l’agglomération. Il souhaite qu’on lui fasse remonter toutes nos remarques.

Il est ainsi proposé :

  • que la municipalité et MBA se fassent le relais de l’enquête de la FUB (baromètre des villes cyclables) afin d’en exploiter les résultats (données statistiques) ;
  • la tenue deux fois par an d’un groupe de travail technique sur le vélo associant M2V avec les différents services municipaux concernés.

Gérard Colon dit aussi sa conviction que le sens de l’histoire est dans le développement d’autres mobilités que l’automobile, dont le vélo.

La continuité et le développement de voies cyclables sont abordés dans ce contexte. L’adjoint au maire reconnaît que les aménagements cyclables présentent de nombreuses ruptures et que l’enjeu est bien la connexion des réseaux.


Le Vélobus mis en service récemment contribue également à l’objectif de transfert modal. Il nous est confirmé que la subvention de 3000 € demandée par Mâcon Vélo en Ville a bien été inscrite au projet de budget 2020.

La question d’une aide financière des collectivités (ville et MBA) pour l’achat de vélo à assistance électrique (VAE) est abordée. Les VAE contribuent à attirer de nouveaux usagers vers l’usage de la bicyclette en ville et davantage encore à l’échelle du périurbain. Sur ce point la réponse des élus est restée évasive.

Un membre de l’association évoque aussi l’intérêt pour la mairie ou l’agglomération d’acheter un compteur vélo pour disposer de statistiques fiables sur la fréquentation. En effet, nous constatons tous une nette augmentation de la pratique du vélo au quotidien. Mais les données chiffrées nous manquent.

Le maire et son adjoint évoquent également la mise en circulation de bus et de camions de déchets à hydrogène à court terme pour réduire la pollution.

Comme nous regrettons que Mâcon et MBA soient aux abonnés absents parmi les lauréats des appels à projet 2019 impulsés par l’ADEME (« vélos et territoires ») ou dans le cadre du Plan National Vélo (fonds « mobilités actives et continuités cyclables 2019 »), le maire explique qu’il a trouvé plus judicieux de recourir pour ses projets à d’autres modes de financement plus généreux.

Les deux élus rappellent que dans tous les nouveaux projets les aménagements cyclables sont prévus. Jean-Patrick Courtois précise que son vœu est que tous les établissements scolaires, sportifs et culturels soient accessibles en vélo dans un avenir proche.

Jean-Patrick Courtois annonce ensuite différents projets d’aménagement :

1) Projets budgétés

. Rond-point de Neustadt

300 000 euros seront engagés pour l’aménagement du rond-point de Neustadt : anneaux piétons et cyclistes qui permettront une continuité des réseaux existants : boulevard Schœlcher, rue du vallon et allée Cassin. Début des travaux avril-mai 2020.

. Rond-point Alcázar de San Juan (Auchan)

Aménagement de l’entrée et de la sortie de la piste cyclable sur le boulevard des Perrières.

. Grand projet routier et cheminement doux avec aménagement de l’ancienne voie SNCF de Cluny à Mâcon (compétence MBA, 1er semestre 2020)

Aménagement de l’ancienne voie ferrée de Cluny à Mâcon qui va jusqu’à la ZAC Grand sud en voie verte entre chemin de la Lye (au droit de la liaison à créer entre la rue Ampère et la ZAC Grand Sud) jusqu’à la hauteur de l’école arc en ciel avec connexion au réseau cyclable urbain soit par rue St Exupéry soit par rue Léo Lagrange. Pont transformé en passerelle vélos/piétons.

Ce projet a pour but de désenclaver la ZI des Bruyères par la construction d’une liaison routière entre les différents parcs industriels existants (Europarc, Loché, les Bruyères…) MBA est dans l’ttente du déclassement par la SNCF lequel dépend d’une autorisation des armées. Le coût global de cette opération devrait s’élever à 4 052 000 € TTC dont 1,2 M€ pour la passerelle vélos-piétons.

. En centre-ville, îlot des Minimes, garage à vélos et atelier d’auto-réparation

Cet atelier pourrait être confié à Mâcon Vélo en Ville selon Gérard Colon.

M2V : Nous n’avons pas discuté des conditions. Mais il semble improbable que nous en ayons les moyens humains et financiers. Dans d’autres communes et intercommunalités (comme à Bourg-en-Bresse), ce sont les collectivités qui ont pris cela en charge.

. Piste cyclable La Grisière – MJC de Flacé

Cheminement doux entre Flacé et la Grisière (financement 30% Hurigny, 20% Mâcon, 50% MBA Travaux par la ville de Mâcon).

. Abris vélos dans les écoles

Ils sont en train d’être installés et il semblerait que certains soient d’ores et déjà sous-dimensionnés. La mairie agrandira les abris, si nécessaire, sans problème.

M2V : Cette mesure a été rediscutée après le départ des élus : il semble que le système d’attache du vélo en hauteur soit complexe pour de jeunes enfants.  A creuser car dans les projets vus lors de réunion technique, il n’y avait pas d’attaches en hauteur : faire une enquête auprès des écoles dans les mois qui viennent.

2) Autres projets

  • Aménagement de la gare de Mâcon-Ville

MBA souhaite acheter, à un prix raisonnable, le terrain occupé par le SERNAM. Il s’agirait de construire un grand parking  et de créer une voirie et une piste cyclable permettant de rejoindre St Clément sans passer par la rue Bigonnet.

  • Projet « Saône digitale » et Axe Nord-Sud le long de la N6

Future « cité fluvestre numérique tertiaire » qui va s’étendre sur 27 hectares et bénéficier d’un co-financement de la part de la Ville de Mâcon et MBA d’un montant de 3 015 000 € HT. Son coût global étant de 9 580 000 €.

Le lancement des études préalables à la création d’une ZAC sur la zone de la « Darse Nord » est prévu avec la poursuite de la voie bleue vers le Sud.

M2V : Cela ne résout pas, pour nous, la question de l’axe Nord-Sud le long de la N6 qui doit permettre d’accéder aux commerces et entreprises le long de cet axe structurant en toute sécurité.

Gérard Colon évoque une idée à long terme : voie de bus et de cycles en site propre avec parking de co-voiturage.

Nous insistons en effet sur la saturation des entrées sud et ouest de Mâcon lors des mobilités pendulaires. Un membre de l’association lance l’idée de commencer en interdisant les nouvelles installations de mobiliers urbains, panneaux publicitaires sur les trottoirs, et en enlevant ce qui peut l’être pour que le nombre de cyclistes puisse augmenter et donne ainsi une légitimité accrue aux autorités publiques pour aménager.

Les déclarations et annonces du premier magistrat et de son adjoint ont suscité l’intérêt mais aussi l’inquiétude et de nombreuses réserves, exprimées notamment au dernier bureau de l’association.

Mâcon Vélo en Ville prend acte de l’engagement des élus d’être à l’écoute des cyclistes du quotidien et se félicite de la perspective de réunions techniques biannuelles avec la mairie dédiées au vélo en ville.

Nous déplorons cependant que dans les projets d’aménagement présentés les points de vue et besoins réels des cyclistes urbains ne soient qu’insuffisamment pris en compte. Si « prévoir des aménagements cyclables dans tous les nouveaux projets » est bien sûr nécessaire, c’est loin d’être suffisant.

Encore faut-il avoir le souci d’une participation effective des usagers à la définition de ces projets.
Ainsi avons-nous découvert le soir de l’AG (projet présenté en GTCS de manière rapide auparavant) un plan de reconfiguration du rond-point de Neustadt sans avoir eu l’opportunité d’en discuter au préalable avec les techniciens.
Quant au projet de Saône digitale, il nous apparaît que c’est méconnaître totalement les besoins des cyclistes que de leur proposer « la poursuite de la voie bleue vers le sud » en lieu et place des aménagements cyclables de la N6 qu’ils réclament. La voie bleue comme la voie verte répondent à des enjeux touristiques avant tout.

Nous regrettons aussi, concernant le financement de projets, que les opportunités offertes par le Plan Vélo national n’aient pas été saisies, du moins pour le moment.
À la réponse du maire, qui nous a dit préférer « des sources plus généreuses de financement » nous objectons que les unes n’empêchent pas les autres et qu’il est dommage de se priver des financements spécifiques prévus pour le développement du vélo et des mobilités actives.

De fait, ce qui fait défaut à nos yeux c’est l’absence d’une vision globale reconnaissant au vélo, mode de transport à part entière, son rôle structurant dans une ville devenue plus attractive et agréable à vivre dès lors qu’elle cesserait d’être destinée à (et dessinée par) la voiture.

C’est bien quand un élu affirme « [sa] conviction que le sens de l’histoire est dans les développements d’autres mobilités que l’automobile », mais il faut aussi la volonté politique qui va avec.

Une volonté politique indispensable à la co-construction, avec les cyclistes du quotidien et les citoyens, et à la mise en œuvre d’un plan vélo digne de ce nom pour Mâcon et son agglomération.

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